L’église Saint-Jean

De la restauration à la renaissance de ce bâtiment historique.

Mon amour de Saint-Jean

L’église valettoise fait l’objet d’une patiente restauration entamée avec la décennie. Ce travail appliqué porte particulièrement sur les décors peints de la partie datée du 17ème siècle. La Ville s’est entourée de compétences précieuses pour mener à bien un chantier qui révèle chaque année de nouveaux trésors…

Mai 2000, la Mission de l’an 2000

L’église Saint-Jean de La Valette-du-Var fait partie des cinq édifices religieux sélectionnés dans le monde par l’association Restaurateurs sans frontières – que dirige Robert Bougrain-Dubourg – dans le cadre d’une campagne internationale soutenue par la Mission de l’an 2000 et le Conseil régional Provence Alpes Côte d’Azur.

Cet intérêt s’appuie sur la découverte effectuée initialement par Isabelle Bourgeois, adjointe au maire déléguée au Patrimoine, de décors peints (datés des 17ème et 18ème siècle) sous les couches d’enduit successives qui couvrent les murs de l’église. Intérêt confirmé par une série de piquetages en 1999.

C’est la qualité de ces peintures qui amènent Robert Bougrain-Dubourg à entreprendre la restauration de l’église valettoise.

Eté 2001, la Vierge au dragon

A la deuxième campagne, l’équipe de restauration découvre les traces de la Vierge au dragon peinte sur l’arc triomphal de l’église. Les plaques d’enduit sont déposées avant de fixer le décor dans sa globalité et dans ses teintes originelles.

L’intérêt de la représentation résulte de la position même de la Vierge, terrassant le Dragon et affichant les trois sentences suivantes : ego sum via, ego sum veritas, ego sum vita (je suis la vie, je suis la voie et je suis la vérité). Il s’agit d’une attitude peu commune dans la peinture sacrée du XVII° siècle qui figure habituellement la mère du Christ sous les traits d’une madone attendrie.

Eté 2004, mon amour de Saint-Jean…

Cette campagne intervient après les précédentes qui ont permis de remettre au jour les retables latéraux, après enlèvement des couches de badigeon et rebouchage des trous de piquetage.

Encadrées par Nathalie Le Van, une spécialiste des peintures murales, les élèves de l’école d’art d’Avignon se succèdent sur les échafaudages et travaillent dans les règles de l’art. Des règles draconiennes puisqu’elles autorisent uniquement l’emploi de peintures réversibles (des aquarelles en l’occurrence), de façon à respecter en premier lieu l’historicité et l’empreinte originelle de l’œuvre. L’équipe engage d’abord une série de relevés qui délimitent les opérations. Puis, l’étape suivante vise à consolider le support. A redonner cohérence et homogénéité aux surfaces par injections de résine.

Le mur est imprégné, depuis la couche apparente jusqu’à la plus profonde. Une seconde étape consiste dans la restauration proprement dite. Les éléments apparents de la peinture, sa conception en trompe-l’œil, sa disposition symétrique, permettent de déduire les parties effacées – en prenant soin de ne rien « inventer » qui n’aurait été pensé par le peintre en son temps. Le dessin – ses formes et couleurs – est ensuite repris suivant un « modèle » minutieusement préparé.

Septembre 2004, le retour des tableaux

Après les murs latéraux (consolidation des supports à l’aide de résine injectée, puis dégagement et recomposition à l’identique des grands retables), la mise au jour de l’arc triomphal, ce sont les grandes toiles de l’église qui sont remises en lumière. Le responsables de RSF explicitent les techniques employées pour retrouver la beauté originelle de la Déploration du Christ ou de La présentation de Marie au temple : toile de châssis à nettoyer, à doubler parfois, et pas moins de trois vernis à éliminer avant de ressusciter la couleur initiale et combler les zones lacunaires.

Eté 2005, la renaissance se poursuit

De grands panneaux sont posés au printemps qui dissimulent sous une claire teinte uniforme les murs non encore restaurés. Cela permet la mise en valeur des éléments réhabilités au cours des campagnes précédentes : l’arc triomphal désormais superbe, ainsi que les retables latéraux ornés de leurs grandes toiles revenues à leur beauté originelle.

Eléments de restauration détaillés sur de grands panneaux d’information à l’intention du public. La renaissance de l’édifice se poursuit avec une dizaine d’étudiants de l’Ecole d’art d’Avignon qui concentrent leurs efforts sur le plus grand retable, à gauche de l’église. Egalement objet d’attention, les deux piliers de l’arc triomphal retrouvent une coloration apte à exhausser les deux statues qu’ils portent à l’origine.

Septembre 2005, un été très peinture

Le travail se fixe sur le latéral gauche de l’église Saint-Jean. Ce sont les élèves des Ecoles de Condé (Paris) qui sont à l’œuvre cette fois. L’équipe conduit le « réveil » de l’aile gauche dans l’esprit du travail effectué précédemment sur l’arc triomphal ; en respectant scrupuleusement le support et les peintures originelles.

Il faut reboucher un à un, à l’aide de mastic, les centaines de trous de fixation provoqués par les enduits successifs. Puis retrouver les teintes d’origine par juxtaposition des tons jusqu’à la « vibration » correspondant à la couleur première. Travail précis qui doit préserver les deux époques du décor : celle plus visible du XVIIIème  – avec ses colonnes ioniques et son entablement – laisse deviner l’empreinte seconde d’un fronton, sans doute attribué au siècle précédent. La préparation de la couleur – sur une base acrylique – est un travail patient, particulièrement quand il s’agit d’appliquer la « couche de fond » sur chaque raccord de mastic.

Eté 2007, le mur de l’entrée

En sept ans, murs latéraux et arc triomphal ont retrouvé un éclat premier daté des 17ème et 18ème siècle. Dernière phase en date, la « révélation » du mur de fond à droite de l’entrée, a été commentée par Pascale Accoyer, conservateur restaurateur d’œuvres peintes, qui l’a conduite en cet été 2007. Conservateur restaurateur d’œuvres peintes, la jeune femme connaît bien l’église valettoise puisqu’elle faisait partie du groupe d’étudiants qui pratiquèrent, en 1999, les premiers sondages destinés à témoigner de son intérêt.

La campagne 2009

Au printemps, l’effort a porté sur la porte d’entrée de l’édifice, recouverte aujourd’hui par de multiples couches de lasures qui cachaient la qualité de sa facture. Cette porte est attribuée à l’atelier de Pierre Puget, peintre et sculpteur qui laissa traces de son art de Gènes à Toulon au cours du 17ème siècle.

La restauration de ce magnifique portail a été confiée à Frédéric Bertrand, ébéniste d’art, et le résultat est spectaculaire.

A l’intérieur,  les zones lacunaires des pieds de l’arc triomphal ont été récréées en trompe-l’œil afin d’éliminer la sensation d’inachevé laissée par les marques blanches. D’autres zones non peintes – à l’emplacement d’anciens tableaux et autels latéraux – ont été reprises dans la continuité des teintes limitrophes obtenues par la restauration en cours.

Dans le même temps, l’équipe conduite par Laurence Durand, responsable de Restaurateurs sans frontières, est intervenue sur le bénitier situé à gauche de l’entrée, bénitier dont le cerclage présente une oxydation menaçante pour la vasque.


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